En avril 2022, j’ai du équiper la blanche de pneus adapté à un petit périple mixte : la transpyrénéenne 2022 que nous avons fait entre amis. Mon choix s’est porté sur des Michelin Latitude Cross, donc je partage ici mon retour d’expérience.
Cet avis n’est basé que sur mon ressenti, n’étant par ailleurs pas un expert en pneus. En effet, cela fait des décennies que je roule en pneus routiers. Le pneu A/T (« mixte »), c’était d’ailleurs une nouveauté pour moi. J’avais déjà roulé dans ma jeunesse, en pneus « tout terrain » (M/T) sur des véhicules prévus pour les environnements variés (Peugeot P4, VLRA et Panhard VBL principalement), mais jamais avec des pneus mixtes sur un véhicule civil.
Cet avis est fait à partir d’environ 3000 kms de route passées avec ces chaussons au pied sur mon Duster 4×4, en fin avril. La température extérieure a varié de 10 degrés à 27 degrés, par temps globalement sec – et quelques bonnes pluies parfois en fin de journée.
Roulage sur route
Autant le dire tout de suite, c’est un mauvais pneus route : il n’est que légèrement plus bruyant qu’un pneu route comme le Michelin Alpin 5 jusqu’à 70-80 km/h (je n’ai relevé qu’un db d’écart), mais dès qu’on roule plus vite que cela, la différence de bruit ne peut s’ignorer. À 110 km/h, le bruit de roulage est assez présent – même si ces Michelin Latitude Cross sont très typés route pour des pneus A/T.
Ensuite, question retour dans le volant… et bien ça tremble toujours un peu. On sent qu’on a pas des pneus faits pour la route : dès les petites vitesses, on a un retour dans le volant qui serait étrange pour un pneu route. À plus grande vitesse le retour volant est constant. Rien de bien grave, les tétines du pneu provoquent probablement ce feedback. Ce n’est pas très agréable au début, et cela s’estompe un peu après les avoir un peu rodés (compter bien 1000 kms donc quelques montées et descentes de cols de montagne en épingles…), mais on s’y habitue.
Enfin, leur comportement en virage est assez particulier : disons qu’il faut s’habituer à la sensation, certes, mais on est loin de l’impression d’adhérence qu’on peut avoir avec des pneus routiers de bonne facture comme les Michelin Alpin 5 ou autres Michelin Cross Climate SUV dont j’ai l’habitude. Pour autant, ça accroche très correctement par temps sec.

En clair, c’est tout à fait acceptable, et leur comportement s’améliore une fois les pneus (et le pilote) un peu rodés – mais pour quiconque à l’habitude de bons pneus route, on ne peut s’empêcher de se dire « vivement que je re-chausse mes pneus route » une fois sur le bitume 🙂
Roulage hors route
Alors, sur du sec, ils sont vraiment impressionnants. En effet, je me suis amusé à faire une partie des piste en 2WD et pourtant dans de belles montées pierreuses, le Duster avançait sans broncher ni gratter de l’avant. Ces pneus accrochent bien malgré la pierraille. Bien entendu on trouve à un moment les limites du 2WD mais elles sont repoussées assez loin avec ces pneus assez bluffants sur piste : ils “grippent” bien et ont un comportement toujours prévisible. Franchement très content.
Sur les marches de pierres parfois très cassantes des pistes pyrénéennes, ils ne glissent quasi pas (bien évidement il ne faut pas y aller très vite) et c’est un excellent point à mettre à leur crédit : je pense que des pneus M/T seraient moins sécurisants dans ces conditions.
Sur du sol boueux, ce qui n’est pas du tout la spécialité de ce pneu, ça passe pourtant bien, au prix parfois de quelques dodelinages à contrôler – ceci dit, j’ai vu les même dodelinages sur des Falken WildPeaks d’un autre équipage. Le Latitude Cross n’est résolument pas un Mud, mais ne nous laisse pas tomber les deux pieds dans la boue. Néanmoins, jusqu’ici les pistes étaient plutôt sèches et les passages dits “boueux” étaient certes boueux et parfois traitres, mais probablement moins traitres qu’une piste herbeuse détrempée – ce que je n’ai pas eu le loisir de tester avec cette monte de pneu.

Au final, ces pneus sont très rassurants et semblent parfaitement adaptés pour le type de piste qu’on croise sur le RB 5 / Traverse Ouest de Vibraction, pour le temps superbe de fin Avril 2022 que nous avons eu : entre 11 et 27 degrés, soleil la plupart du temps, quelques grosses pluies qui ne duraient pas très longtemps (et permettaient de laver du coup les véhicules – une bénédiction).
Roder les pneus … et le pilote
J’ai été personnellement surpris par le comportement de ces pneus au début – certes comme tous pneu il faut les « déglacer » durant quelques dizaines de kilomètres. Néanmoins, dans le cas de ces Latitude Cross, c’est au bout de bien 1500 kms dont une petite centaine à enchainer les lacets de montagne à bonne allure, que j’ai pu en venir à apprécier leur comportement. J’ai l’impression donc qu’il faut plus de temps que pour du pneu à gomme plus tendre (je suis habitué aux pneus hiver) pour les faire.
Peut-être est-ce aussi un rodage du pilote lui-même car le feedback volant surprend au départ – et au bout d’un moment on s’y habitue, tout comme on s’habitue à leur façon de nous accompagner dans les courbes : à contrario d’un pneu routier comme le Alpin 5, le Latitude Cross modifie un peu la trajectoire du Duster en courbe – une fois qu’on a pris ses marques, cela devient naturel et on s’adapte. Pour autant, cela surprend aussi au départ et donne une impression d’insécurité – laquelle disparait bien vite après avoir traversé quelques cols de montagne (dans mon cas ce fut la traversée des Pyrénées par les départementales espagnoles – radical comme apprentissage).
Conclusion
Bien, franchement emballé in fine par ces pneus – ce ne sont pas des pneus tout-terrain certes, mais ils permettent de grimper sans trop de problème sur les pistes européennes et de rouler sur route de manière relativement confortable. Je remercie les quelques personnes qui m’ont conseillé ces pneus – Eric et Alain au premier chef si vous lisez un jour ces quelques lignes :).
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